samedi 25 octobre 2014

Underworld USA de James Ellroy

Auteur : James Ellroy
Traducteur : Jean-Paul Gratias
Roman noir 
Rivages 
Collections : Rivages Noir, numéro 840
Prix : 10,65 €


 Accroche :


Été 1968. Martin Luther King et Robert Kennedy ont été les victimes de conspirations meurtrières. La Convention démocrate de Chicago est sabotée par des spécialistes en coups fourrés. Howard Hughes s’est fait escroquer dans le rachat des casinos de Las Vegas par la mafia. Les militants noirs se préparent à l’insurrection dans les quartiers sud de Los Angeles et le FBI utilise tous les moyens pour les détruire.
A la croisée de ces événements, le destin a placé trois hommes : Dwight Holly, l’exécuteur des basses œuvres de J. Edgar Hoover, Wayne Tedrow, ancien flic et trafiquant d’héroïne, et Don Crutuchfield, jeune détective obsédé par les femmes. Leurs vies s’entrechoquent sur la piste de Joan Rosen Klein, la « Déesse rouge », et ils paieront tous trois « un tribut élevé et cruel à l’Histoire en marche ».

Mon avis :


Roman traduit par Jean-Paul Gratias par Underworld USA du même titre que celui de la trilogie dont Blood's a rover – c’est le titre original – constitue le troisième volet. Dommage que le traducteur (ou est-ce une volonté de l’éditeur français ?) ait choisi cette option, car le titre original est infiniment plus révélateur et porteur de sens. « Le sang est un vagabond » nous en apprend bien plus sur les personnages, leurs dérives, leur caractère mortel également qu’un titre aussi générique qu’Underworld USA.
De quoi s’agit-il au premier abord ? Avec ce roman noir, Ellroy raconte les États-Unis, son histoire sombre, entre la mort de Robert Kennedy et celle de John Edgard Hoover. Une période qui couvre la fin des années 60 et le début des années 70 : précisément entre
le 14 juin 1968 et le 11 mai 1972. Pour ce faire, l’auteur met en scène beaucoup de personnages, fictifs ou réels :
Tout d’abord Wayne Jr, qui travaille à la fois pour la mafia et Howard Hugues, parricide et amant de sa belle-mère qui se meurt d’un cancer. L’agent du FBI Dwight Holly « bras armé de la loi » c’est-à-dire qu’il fait les basses besognes commandités par J. Edgar Hoover. Crutch, jeune homme voyeur, qui travaille dans l’équipe des enquêteurs privés de Fred Otash. Marsh, flic noir ambitieux, génie de l’infiltration, qui assume mal son homosexualité ; Scotty, un flic aussi cruel que raciste, qui prend un malin plaisir à flinguer les braqueurs, surtout lorsqu’ils sont Noir. Karen, la maîtresse de Dwight et gauchiste engagée, mais pacifiste. Joan, la belle et mystérieuse, amie de Karen, elle aussi activiste, aux méthodes plus radicales. Joan qui fascine Crutch, mais aussi Dwight.
Parmi les personnages réels on peut citer J. Edgar Hoover, patron tout-puissant du FBI dont Dwight est le bras armé. Le milliardaire excentrique Howard Hugues, (dit « Dracula » en raison des litres de sang que sa psychose hygiéniste l’oblige à s’injecter) qui désire acheter tous les casinos de Las Vegas. Les chefs mafieux Santos Trafficante, Carlos Marcello et Sam Giancana qui désirent implanter des casinos en République dominicaine et pour cela commanditent Wayne Jr. Fred Otash, ex-flic reconverti en enquêteur privé, puis maître-chanteur qui fait trembler tout Hollywood. Et enfin, Richard Nixon, dont on verra la campagne présidentielle contre Humphrey…
Roman-fleuve de tous les excès, de toutes les cruautés aussi, car on voit l’envers du pouvoir, aussi bien politique que mafieux. Roman sur l’Amérique, pense-t-on au premier abord, l’Amérique vue par Ellroy, mais étrangement, c’est surtout un livre sur la nature humaine, ce qu’elle a de minable comme de grand, de la petitesse et des idéaux.
Cela commence par un braquage sanglant… et ce sang, sur les billets, ne cessera de hanter les protagonistes du roman ; nombre d’entre eux recherchant le magot mystérieux qui apparaît parfois par le don d’une émeraude à des pauvres gens. Avec son lot de complots, de manipulations de chantages, d’extorsions, de diffamations, de tortures, de meurtres, on est happé dans ce tourbillon, où l’on en vient à aimer les méchant et détester les gentils, car, au fond, on en vient à se dire : comment ont-ils pu en arriver là ? Comment réagirait-on dans une même situation. Claque magistrale que Blood's a rover qui conclue donc une trilogie qui nous a raconté des décennies des USA de façon si vraie, si intense qu’on a du mal à croire en une fiction.





Quoi lire après ?
Extortion... pour rester en compagnie d'un des personnages de Underworld USA, à savoir Fred Ottash. Ce qui fera une respiration avant le nouveau cycle gigantesque dans lequel s'est embarqué l'auteur, à savoir Perfidia.



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