Traducteur : Jean-Paul Gratias
Roman noir
Rivages
Collections : Rivages Noir, numéro 840
Prix : 10,65 €
Accroche :
Été 1968. Martin Luther King et Robert Kennedy ont été les victimes de
conspirations meurtrières. La Convention démocrate de Chicago est
sabotée par des spécialistes en coups fourrés. Howard Hughes s’est fait
escroquer dans le rachat des casinos de Las Vegas par la mafia. Les
militants noirs se préparent à l’insurrection dans les quartiers sud de
Los Angeles et le FBI utilise tous les moyens pour les détruire.
A la croisée de ces événements, le destin a placé trois hommes : Dwight Holly, l’exécuteur des basses œuvres de J. Edgar Hoover, Wayne Tedrow, ancien flic et trafiquant d’héroïne, et Don Crutuchfield, jeune détective obsédé par les femmes. Leurs vies s’entrechoquent sur la piste de Joan Rosen Klein, la « Déesse rouge », et ils paieront tous trois « un tribut élevé et cruel à l’Histoire en marche ».
A la croisée de ces événements, le destin a placé trois hommes : Dwight Holly, l’exécuteur des basses œuvres de J. Edgar Hoover, Wayne Tedrow, ancien flic et trafiquant d’héroïne, et Don Crutuchfield, jeune détective obsédé par les femmes. Leurs vies s’entrechoquent sur la piste de Joan Rosen Klein, la « Déesse rouge », et ils paieront tous trois « un tribut élevé et cruel à l’Histoire en marche ».
Mon avis :
Roman
traduit par Jean-Paul Gratias par Underworld USA du même
titre que celui de la trilogie dont Blood's a rover – c’est le titre original – constitue le
troisième volet. Dommage que le traducteur (ou est-ce une volonté de l’éditeur
français ?) ait choisi cette option, car le titre original est infiniment
plus révélateur et porteur de sens. « Le sang est un vagabond » nous
en apprend bien plus sur les personnages, leurs dérives, leur caractère mortel
également qu’un titre aussi générique qu’Underworld USA.
De quoi s’agit-il au premier abord ? Avec ce
roman noir, Ellroy raconte les États-Unis, son histoire sombre, entre la mort
de Robert Kennedy et celle de John Edgard Hoover. Une période qui couvre la fin
des années 60 et le début des années 70 : précisément entre
le
14 juin 1968 et le 11 mai 1972. Pour ce faire, l’auteur met en scène beaucoup
de personnages, fictifs ou réels :
Tout
d’abord Wayne Jr, qui travaille à la fois pour la mafia et Howard Hugues,
parricide et amant de sa belle-mère qui se meurt d’un cancer. L’agent du FBI
Dwight Holly « bras armé de la loi » c’est-à-dire qu’il fait les basses
besognes commandités par J. Edgar Hoover. Crutch, jeune homme voyeur, qui
travaille dans l’équipe des enquêteurs privés de Fred Otash. Marsh, flic noir
ambitieux, génie de l’infiltration, qui assume mal son homosexualité ; Scotty, un
flic aussi cruel que raciste, qui prend un malin plaisir à flinguer les
braqueurs, surtout lorsqu’ils sont Noir. Karen, la maîtresse de Dwight et
gauchiste engagée, mais pacifiste. Joan, la belle et mystérieuse, amie de
Karen, elle aussi activiste, aux méthodes plus radicales. Joan qui fascine
Crutch, mais aussi Dwight.
Parmi
les personnages réels on peut citer J. Edgar Hoover, patron tout-puissant du
FBI dont Dwight est le bras armé. Le milliardaire excentrique Howard Hugues, (dit
« Dracula » en raison des litres de sang que sa psychose hygiéniste l’oblige à
s’injecter) qui désire acheter tous les casinos de Las Vegas. Les chefs mafieux
Santos Trafficante, Carlos Marcello et Sam Giancana qui désirent implanter des
casinos en République dominicaine et pour cela commanditent Wayne Jr. Fred
Otash, ex-flic reconverti en enquêteur privé, puis maître-chanteur qui fait
trembler tout Hollywood. Et enfin, Richard Nixon, dont on verra la campagne
présidentielle contre Humphrey…
Roman-fleuve de tous
les excès, de toutes les cruautés aussi, car on voit l’envers du pouvoir, aussi
bien politique que mafieux. Roman sur l’Amérique, pense-t-on au premier abord,
l’Amérique vue par Ellroy, mais étrangement, c’est surtout un livre sur la
nature humaine, ce qu’elle a de minable comme de grand, de la petitesse et des
idéaux.
Cela commence par un
braquage sanglant… et ce sang, sur les billets, ne cessera de hanter les
protagonistes du roman ; nombre d’entre eux recherchant le magot
mystérieux qui apparaît parfois par le don d’une émeraude à des pauvres gens. Avec
son lot de complots, de manipulations
de chantages, d’extorsions, de diffamations, de tortures, de meurtres, on est
happé dans ce tourbillon, où l’on en vient à aimer les méchant et détester les
gentils, car, au fond, on en vient à se dire : comment ont-ils pu en
arriver là ? Comment réagirait-on dans une même situation. Claque
magistrale que Blood's a rover qui conclue donc une trilogie qui nous a raconté
des décennies des USA de façon si vraie, si intense qu’on a du mal à croire en
une fiction.
Quoi lire après ?
Extortion... pour rester en compagnie d'un des personnages de Underworld USA, à savoir Fred Ottash. Ce qui fera une respiration avant le nouveau cycle gigantesque dans lequel s'est embarqué l'auteur, à savoir Perfidia.
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