vendredi 2 août 2013

Querelleur de Frédéric Fajardie


Accroche :
Dans sa caserne, en Allemagne, le jeune caporal Frédéric Klein reçoit une très mauvaise nouvelle, son frère aîné a été tué par balles, dans des circonstances pour l’instant non élucidées. A Paris où il vient enterrer son frère, un double comité d’accueil l’attend à sa descente du train. De là, la violence va s’enflammer comme une traînée de poudre.

Prix : 6,50€ chez Babel noir de Actes Sud

Mon avis :

Avec le style nerveux et efficace qui est le sien, Fajardie nous entraîne à la suite de son héros dans une intrigue violente à laquelle se mêlent avec réalisme des émotions relatives à l’enfance et au deuil de l’être cher.

Le point fort de cette histoire est d’abord l’originalité qu’il y a à donner le rôle principal à un jeune militaire plutôt qu’à un vieil officier, un policier, ou un détective privé. Fajardie nous épargne cependant le cliché de l’homme rigoriste, enfermé dans une discipline et une éducation toute martiale. Mais parce qu’il est soldat, Frédéric Klein est crédible dans son rôle de gâchette de premier ordre et d’homme d’action capable de se tirer de situations désespérées. Il l’est tout autant lorsque submergé par le chagrin d’avoir perdu son frère, il perd pied quelques instants, gémit et déraisonne tandis qu’autour de lui tout n’est qu’agression et danger de mort.

Sa quête de justice, cette vengeance qu’il n’espère qu’assouvir que dans le sang, l’entraîne aux devants de personnages des deux bords : flics ripoux, truands, tous sont brutaux et capables de duplicité. La faim d’argent pousse au crime, mais pour au moins un autre personnage, c’est le fantôme d’une tout autre appétence qui explique le recours à la violence. La trame de ce court roman n’est donc pas simple, mais échevelée comme la crinière d’un trotteur au vent.

Un trotteur comme ce querelleur, cheval, mais personnage et acteur très important dans la vie de Frédéric et de feu son frère. L’équidé a beau s’appeler Querelleur, il est le seul à ne pas chercher querelles et à rester fidèle ! Le cheval symbolise les plus beaux moments de leur enfance, leur fraternité, leur premier choix, leur premier sacrifice d’adulte en devenir et finalement, c’est à travers la relation au cheval que Frédéric trouvera les réponses dont il a besoin pour démasquer son principal adversaire.

Si l’essentiel de ce roman est tourné vers le « tout-action », il y a aussi des passages très beaux, véritablement touchants, lorsqu’à travers cet autre Frédéric (un clin d’oeil qu’il s’adresse à lui-même ?), Frédéric Fajardie évoque l’amour fraternel, l’amour d’une femme ou l’amour pour un innocent et unique cheval.

Ma seule déconvenue je la dois à la direction éditoriale de Babel Actes Sud. Passe encore la couverture plutôt vilaine, passe encore ce résumé qui ne cache rien dès la première page du livre, mais que l’on peut heureusement sauter facilement, passe aussi les quelques coquilles stylistiques « il est vite » plutôt que « il est rapide »... là n’est pas le plus grave... Le plus grave, c’est le texte choisit pour figurer sur le quatrième de couverture (vous savez ce que 90% des lecteurs vont lire avant d’entamer leur lecture) qui n’est autre qu’un extrait de la toute fin du roman et qui contient donc une bonne part de la chute, nous dévoilant par ailleurs, criminellement, un gros pan de l’intrigue policière. De quoi vous ôter tout frisson, tout suspens, toute envie de lire, donc !

Quoi lire après ?
D’autres Fajardie, parce qu’avec cette grande plume du polar, l’expérience pour intense, parait toujours trop courte.

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