
Accroche :
Dans son long poème de presque cinq cents phrases, le poète met à jour
les racines de l’irrationalité des guerres, des massacres, de la terreur
et de tout ce qui relève de l’aliénation anti-humaniste. Et ceci, pour
les transformer en images concrètes. Les volontés et l’Histoire des
hommes sont concentrées au cœur de symboles, de métonymies et d’ironies
récurrentes tout au long du récit.
Auteur : Mun Dok-su
Traducteurs : Ko Chang-so et Antoine Coppola
Recueil de poèmes
80 pages
Prix : 10 €
Auteur : Mun Dok-su
Traducteurs : Ko Chang-so et Antoine Coppola
Recueil de poèmes
80 pages
Prix : 10 €
Mon avis :
Si Le Postier de Mun Dok-su est un long poème sur la guerre de Corée, il
est également une dénonciation de toutes les guerres. À la fois de son temps et
de son époque, Le Postier s’affirme
comme une œuvre universelle et intemporelle. Le poète y parvient grâce à son
vivant témoignage, lui qui a participé à cette guerre, où il fut blessé, mais
aussi au moyen des nombreux emprunts à la mythologie ou l’histoire chinoise et
coréenne (Histoires des trois Royaumes, la guerre d’Imjin, le coup d’état du 11
juin 1455 du prince Suyang), ainsi qu’à ceux d’autres histoires ou cultures (l’obélisque
de Luxor, le Parthénon, les goulags soviétiques, le 11 septembre). Les figures
religieuses œcuméniques (Confucius, Jésus, Bouddha), les batailles du passé ou
du futur avec des robots sont également évoquées. Le Postier apparaît, dans ce
souci de montrer la folie et l’irrationalité de la guerre (de toutes les
guerres) comme un récit du nihilisme en acte.
« À l’image du vide
qui avait fini
De lire les
entrailles
D’une génération,
Cela a explosé dans
un grand Bang. »
Pour ce faire, Mun use de
métaphore ou de comparaison ou d’exemple particulièrement frappant. Ainsi la
trajectoire de la balle qui tue et détruit tout sur son passage, jusqu’à sa
propre trace.
« La balle du vide
Roule au loin,
(…)
Vent, gaz, famine,
désespoir
Obus, champignon
nucléaire
Tu forces le
passage,
(…)
Dans les briques
brisées
Et pénétrant tel un
rayon
De lumière,
Tu rebondis, gorge
déployée.
(…)
La balle s’effaça
d’elle-même.
En roulant, elle
efface sa propre trace.
En volant, elle
efface le chemin
Parcouru.
Même au milieu des
explosions
Et des massacres,
Dans un souffle,
elle efface.
Elle efface même son
effacement. »
L’essence de la guerre est
ainsi dévoilée. Les raisons invoquées, les prétextes pour prendre les armes, se
fondre dans le corps d’une armée, que ce soient ceux de défenses du territoire
ou de conquête ne tiennent plus la route. Mun l’a parfaitement compris et nous
le rappelle.
La guerre de Corée, 1950-1953 d’Yvan Cadeau pour avoir une vision d’ensemble,
mais aussi des témoignages sur ce conflit. Pour avoir une vue d’ensemble de la
poésie coréenne contemporaine, je conseillerai la petite anthologie parue chez
Sombres Rets Anthologie de poésie coréenne.
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